26 février 2013
2 janvier 2013
16 octobre 2012
Lettre persane
Les étendues désertiques s’allongent à perte de vue, la chaleur rayonne sur le bitume et l’ombre se fait rare. C’est sûrement pour cela qu’un groupe de quadriceps trentenaires s’est manifesté en demandant une augmentation de salaire. La méthode traditionnelle d’ajout de sel dans l’eau des gourdes pour calmer les revendications syndicales n’ayant pas suffit, nous leur avons octroyé des jours de congés non pédalés. Nous avons ainsi voyagé dans un train turkmène, opté pour des bus iraniens et du stop à bord des pick-up bleus qui sillonnent les routes du Kurdistan.
Cinq jours de visa au Turkménistan, c’est peu court jeune homme…pour se faire une idée du pays, mais une chose est sûre, la beauté des femmes y est frappante. Des foulards colorés, des tenues traditionnelles moulantes… Les femmes sont aussi belles que le dictateur omniprésent…
A notre entrée en Iran, le Canada rompait ses relations diplomatiques et l’écran plat du poste d’immigration diffusait des images inquiétantes de manifestants portant des slogans du type « Mort aux Etats-Unis, mort à Israël ». C’est dans ce climat international tendu que nous rencontrons les iraniens. Pratiquement tous ont à cœur de faire savoir qu’ils désapprouvent leur président, ne représentant absolument pas le peuple iranien. On nous explique également que les manifestants sont en fait des fonctionnaires obligés de défiler sous peine de perte d’emploi, ou des villageois sans le sou à qui l’on paye un « tour en ville ».
Le peuple iranien est l’un des plus attentionnés et des plus accueillants que nous ayons rencontré. Spontanément, les gens se préoccupent du bien-être des étrangers, souhaitent la bienvenue, et proposent leur aide. Ils considèrent un étranger comme une opportunité de s’enrichir culturellement, de pratiquer leur anglais, mais surtout d’avoir une réponse à cette question qui les tracasse: « Iran is good ?? »
Cependant le lavage de cerveaux quotidien pratiqué par la télévision nationale finit par porter ses fruits… Lorsque le monde occidental y est représenté, une odeur de souffre se dégage du poste… Du coup, certains iraniens imaginent le monde occidental comme un lieu de débauche permanente, à l’image d’un clip de Lady Gaga… ce qui nous aura valu quelques gestes obscènes, ou des confessions touchantes de jeunes iraniens frustrés par la police des mœurs…
Le site de Persepolis devient un nouveau lieu de pèlerinage pour la jeune génération, et l’on voit dans certaines maisons des posters de rois perses remplacer des représentations de la Mecque. C’est en quelque sorte une recherche des origines, une admiration pour ces civilisations qui laissaient une grande part de liberté aux habitants de l’empire…
On est vraiment contents de s’être plongés dans l’histoire passionnante de ce pays, d’avoir visité des cités millénaires, un peu plus appris le sens du mot hospitalité, et le tout sans repartir avec un tapis !!. Et puis, il ne fallait pas rater l’occasion d’aller voir l’envers du décor, celui que les médias occidentaux utilisent alternativement comme chiffon rouge ou écran de fumée !
2 septembre 2012
Les « Stan » modernes…
Il y a un peu plus de 20 ans, la chute de l’Union Soviétique et les déclarations d’indépendance des pays d’Asie Centrale changeaient la donne pour cette région du monde. A l’époque, cette information nous avait sûrement semblé bien moins intéressante qu’un épisode de «l’Agence Tout Risque »… D’ailleurs, la diffusion de la culture française semble s’être arrêtée à la même époque, on nous vante avec enthousiasme: Jean Marais dans Fantomas, Joe Dassin, Edith Piaf, ou Louis de Funès !!
C’est donc avec plaisir et surprise que nous avons découvert Kazakhstan, Kirghizstan, et Ouzbékistan… ces pays dont on ne savait pas grand-chose, et dont l’orthographe fait des miracles au scrabble avec un « mot compte triple ». Leurs peuples métissés sont le fruit d’une histoire passionnante d’empires et de conquêtes avec des noms comme Gengis Khan, Alexandre le Grand, ou encore Darius.
Même si on sent bien que le tourisme est déjà passé et repassé, les montagnes Kirghizes parsemées de yourtes sont un grand bol d’air pur, et l’hospitalité Ouzbèque n’a pour l’instant pas d’égale… Chaque jour, on nous offre un toit, des kilos de fruits, des tissus, et même des chaussettes ou du savon !!! (Bon les chaussettes, on comprend… 29 mois, ça use ! mais le savon à la fraise, on ne voit vraiment pas… ;-)
Bref on se rapproche tranquillement de l’Europe… et ça devient de plus en plus drôle de voir la confusion sur le visage des gens nous questionnant sur la durée du voyage :
- « Vous voulez dire 29 jours depuis la France ? »
- « Non non… 29 mois ! On est parti dans l’autre sens… :p »
19 juillet 2012
Je t’aime, moi non plus…
Monter dans un transport en commun est un acte assez anodin. Pour le cyclo-voyageur, cela prend une toute autre dimension : LA rencontre avec le chauffeur de bus.
Celui qui d’habitude reste une silhouette floue aperçue dans un rétroviseur, prend corps. Déjà, le cyclo-voyageur a un a priori. Sa perception du chauffeur est plutôt celle d’un chauffard qui, une main sur le volant, l’autre sur le klaxon, excelle dans l’art de frôler sa cible et de lui asséner à hauteur d’oreille un bon coup d’avertisseur sonore.
Munis de nos plus beaux sourires pour essayer de détourner son attention de la taille des vélos et du nombre de sacoches, nous nous approchons fébrilement du véhicule imposant. En réponse à notre espoir de monter à bord avec nos bolides, nous obtenons généralement un sourire narquois et le geste universel de frotter le pouce et l’index l’un contre l’autre…
Peut-être est-il aigri ? Enfermé dans sa cabine, dans l’impossibilité de sentir le vent dans ses cheveux, les odeurs d’herbe coupée, d’entendre le chant des abeilles, de se prendre des moucherons dans les yeux… bref jaloux de la liberté du cyclo-voyageur ? Quelle autre motivation le pousserait à tourmenter de la sorte ces passagers particuliers, les menaçant de ne pas charger leurs montures à bord, ou carrément de les perdre en route si la rançon n’est pas versée dans sa totalité ?
Le face-à-face ne dure généralement pas très longtemps. L’arrivée d’autres passagers, bien plus chargés quoique sans vélo, grignote l’espace disponible dans la soute. En un instant, le voyageur à vélo sacrifie sa chère liberté au conducteur, lui-même ravi d’avoir débarrassé son terrain de jeu favori de parasites potentiels.
Une fois la transaction réglée, chacun retourne dans son camp et le chauffeur de bus redevient une silhouette observée dans un rétroviseur…
30 mai 2012
Camarade Capital…
Après s’être bien reposés au Vietnam, et avoir retrouvé nos parents pour deux semaines entre Hué et Saigon, nous voici arrivés en Chine.
Fini les petites soupes raffinées et légères, à nous les riz sautés bien gras, et les « Baozi » ces délicieuses brioches blanches aux saveurs de porc, champignons, herbes, haricot rouge… etc
Entrés par le sud du pays, nous avons parcouru le Yunnan jusqu’à Kunming, sa capitale. Malgré des rudiments de mandarin en poche, s’exprimer est plus difficile que dans les autres pays asiatiques. La prononciation parfaite des tons étant la clé pour se faire comprendre, un guide de conversation écrit nous sauve régulièrement la mise !
A l’heure où la récession économique tapisse le paysage audiovisuel français, faire un petit tour en Chine est comme une bonne paire de claques. Le terme de Vieille Europe résonne à nos oreilles, lorsque l’on se trouve noyé dans le gigantisme, et l’effervescence chinoise. Faisant fi de toutes considérations culturelles, sociales, ou environnementales, le rouleau compresseur du développement économique pousse le pays vers un mode de vie occidental. Il laisse au passage une ornière béante entre les deux bouts de l’échelle sociale.
D’impressionnantes villes fantômes, étincelantes, apparaissent comme des champignons au milieu de la campagne. On y attend des milliers de familles…venues d’où ? Pour faire quoi ? Des questions sans réponse, mais la Chine a sûrement un plan !!
On se disait il y a quelques jours, que les villes ressemblent à des centres commerciaux géants… Même si cela ne concerne qu’une tranche de la population, on ne pense pas avoir déjà vu de société autant tournée vers le consumérisme.
Ceci-dit, conscient que le gâteau de l’énergie fait de plus en plus de gourmands, le pays investit dans les technologies solaires : Chauffe-eau, photovoltaïque, et éolienne urbaine… Nous avons aussi fait la rencontre d’une Chine moderne où le bruit des moteurs éléctriques (scooter, transports en commun, vélos, charettes,…) nous donne l’impression d’avoir été transportés dans le futur.
En quelques 70h de train, nous filons en ce moment vers le Nord-Ouest pour rejoindre Urümqi, ville où se délivre le précieux sésame pour le Kazakhstan… Bientôt l’Asie Centrale, les yourtes, les steppes, et les chevaux !!!
4 mars 2012
Sur la piste des éléphants
Les entraîneurs sportifs le disent : « il faut être MO-TI-VÉS », pour gagner bien sûr mais dans le cas de notre voyage à vélo, la motivation nous fait avancer. On peut la trouver dans les paysages traversés, dans l’espoir d’un campement idyllique ou d’un nouvel apprentissage. Elle nous est souvent transmise par des personnes rencontrées. Elle prend diverses formes au fil du voyage et au Laos elle est devenue la perspective d’approcher des éléphants.
Tout a commencé lorsque qu’un petit doigt expert du Laos nous a soufflé l’existence d’Elefantasia. Cette ONG française travaille à la conservation de l’éléphant d’Asie et organise le festival de l’éléphant 2012 à Xanyabouri. L’envie d’aller les rencontrer a alors dessiné notre itinéraire entre le nord de la Thaïlande et le Laos.
Au total 63 éléphants étaient présents. Pour Elefantasia c’est l’occasion d’assurer des visites médicales et de fédérer les propriétaires et cornacs des pachydermes autour de la conservation de cette espèce. Aujourd’hui il reste environ 350 éléphants domestiques et 400 sauvages au Laos. C’est dans ce contexte qu’Elefantasia assure soins vétérinaires et un programme d’incitation à la reproduction.
Nous avons convaincu Thijs et Lies, deux cyclistes belges, de nous accompagner. Et oui ! une motivation comme celle là se partage ! D’autant que la route entre Tha Souang sur le Mékong, et Xanyabouri a intégré le top 3 des routes les plus dures du voyage : 115km à travers les montagnes laotiennes, qui dissimulent certains passages à 25% en affichant régulièrement le long de la route des panneaux triangulaires annonçant 15%…
Notre récompense nous attendait sous le pont à Xanyabouri. Au couché du soleil, les éléphants se baignaient dans la rivière accompagnés de leur cornac. Ils sont impressionnants par leur taille, amusants par leurs attitudes, et tout simplement attachants.
Voici un petit montage vidéo du Festival de l’Elephant 2012 !!
7 janvier 2012
Retour vers le futur…
C’est depuis l’an 2555 que nous vous faisons parvenir ces quelques nouvelles. On serait tenté de dire que c’est une preuve que la catastrophe annoncée par les post-mayas en 2012 (non non, pas la réélection de Sarko…) n’aura pas eu lieu…
Certains répondraient « Aucun lien… fils unique » :p… En fait, le royaume de Siam ayant été préservé de la colonisation et l’évangélisation, le pays ne croit pas à la naissance d’un petit jésus, mais plutôt à la prédication d’un certain Siddharta Gautama, alias « l’Illuminé », plus connu sous le nom de Bouddha.
C’est tout à notre avantage, car la multitude de temples bouddhistes accueillent volontiers une tente pour la nuit. Le sud du pays étant également parsemé de Parc Nationaux, c’est l’occasion d’étrenner les arceaux flambants neufs de la maison…
En remontant le long de la côte ouest, en bordure du Myanmar, nous assouvissons le rêve répandu de l’île paradisiaque, de l’eau transparente et des plages de sables blancs… Pour trois jours planifiés sur Ko Surin, nous ferons durer le plaisir pendant 10 jours. Même si les coraux sont quasiment tous détruits par les changements climatiques, et l’évolution des modes de vie, l’endroit reste magique. Nous le quitterons avec un pincement au cœur, et l’estomac retourné par l’heure et demi de hors-bord en mer agitée…
Les massages Thaï (plus ça fait mal, plus ça fait du bien…), la nourriture exquise, les portraits du roi partout (que ça laisserait le nôtre rêveur… :p), l’hymne national tous les jours à 8h, les sourires des habitants nous ont conquis. C’est pourquoi après deux mois de douceur, on a voulu s’inscrire directement pour une nouvelle cure de 30 jours Comme c’était complet, on va d’abord aller voir si ça roule au Cambodge ! :)
22 novembre 2011
17 novembre 2011
Saveurs locales
Les paysages de plantation de palmiers à huile à perte de vue, nous ont fait rechercher de la couleur et de la diversité dans nos assiettes.
Ainsi la Malaisie nous a ouvert les portes de la découverte culinaire asiatique. Les malais, hindous et chinois ont chacun leurs spécialités. Au fil du temps, chacun a adapté les recettes des autres, ce qui donne environ trois fois plus de plats à goûter ! C’est donc une petite chronique qui donne faim que nous avons à partager cette fois-ci !
Au delà du plaisir des papilles, nous avons avec bonheur constaté l’ingéniosité universelle de l’être humain. Nous étions déjà fascinés par l’invention de la première crêpe. Ici, elle se décline en version salée ou sucrée, à base de riz, de blé, de lait de coco, de haricot en différents noms : roti, thosaï, chapati, naan, apom manis…une vraie chanson qui met en appétit !
Les Malaisiens nous demandent souvent si nous mangeons du durian. Il faut dire que son odeur forte qui lui interdit les chambres d’hôtel et le métro rebute en général le palais européen. Le durian est le fruit roi en Malaisie, ici on ne mange que ceux qui tombent de l’arbre une fois mûrs. Des guinguettes sont spécialisées dans sa dégustation. On peut ainsi entre amis s’amuser à comparer les différences de goût entre le D24, le D88 et bien d’autres encore !
Evidemment, toutes ces nourritures ont une conséquence sur notre santé de voyageurs à vélo presque végétariens. La Malaisie nous aura appris un concept amusant sur la classification chinoise de la nourriture en deux catégories : les aliments froids et les aliments chauds. Un excès de chaud doit être compensé par des nourritures ou boissons froides. Ainsi le durian est considéré comme chaud et il ne faut surtout pas le mélanger avec de l’alcool (sous peine de mise en jeu du diagnostique vital parait-il…). Du coup nous avons compensé notre excès de viandes, de gras, et de durian par une bonne cure de décoctions d’herbes chinoises !!
Nous sommes maintenant sur les routes de Thaïlande et c’est mille et une épices qui nous attendent !